Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Arf, comment ai-je pu oublier son Siegmund ?Loutherbourg a écrit:jeanch a écrit:Non. Il n'a chanté que Tannhaüser au Châtelet.Filippo a écrit:
J'aurais préféré entendre Seiffert dans ce rôle, qui à mon avis aurait déployé d'autres trésors de phrasé...A-t-il été déjà invité à l'ONP ?
et Siegmund !
jeanch- Nombre de messages : 1140
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
abaris a écrit:Le phrasé de Heppner est un modèle. Seiffert est peut être meilleur encore (c'est l'un des 3 meilleurs de la discographie, après Völker et Konya). Enfin, on ne va pas se plaindre de ne pas avoir le meilleur dans une époque où on trouve autant de grands ténors germaniques : Seiffert, Heppner, Ventris, Vogt, Kerl...
Des 5, je ne connais que Seiffert, Heppner et Vogt, et de ce que j'ai entendu de Vogt, je le mets loin derrière les deux premiers.
Je ne me plains pas, j'ai eu la chance d'entendre Seiffert dans Tannhauser au Châtelet... Je regrette qu'on ne voit pas davantage ce grand chanteur à Paris.
Filippo- Nombre de messages : 147
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
jeanch a écrit:
Arf, comment ai-je pu oublier son Siegmund ?
parce qu'il a été éclipsé par Wottrich !
Loutherbourg-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Loutherbourg a écrit:jeanch a écrit:
Arf, comment ai-je pu oublier son Siegmund ?
parce qu'il a été éclipsé par Wottrich !
J'avais oublié Wottrich, et Schukoff dans ma liste....
abaris-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Je ne verrai pas Lohengrin avant le 2 juin mais j'aimerais déjà dire 2 ou 3 petites choses sur les principaux chanteurs de cette soirée:
J'aime habituellement ce que fait Mireille Delunsch. Je suis souvent bouleversé par l'actrice, je trouve la musicienne très intelligente et, du reste, le timbre ne m'a jamais semblé épouvantable. Je trouve toujours injuste de huer un artiste, que ce soit Mireille Delunsch m'attriste encore davantage. Je ne sais pas à quoi ressemblera son Elsa, mais je pense qu'après le 2 juin, je me rangerai effectivement du côté des enthousiastes.
J'ai une immense admiration pour Ben Heppner. Je n'ai jamais entendu Peter Seiffert autrement qu'à la radio, mais il me semble exceptionnel, lui aussi. De fait, je ne tiens pas à les opposer systématiquement: ils sont deux très grands wagnériens, ils mènent tous deux une superbe carrière, et il y a assez de place pour deux grands artistes dans le panorama du chant wagnérien (comme l'a dit Abaris, ils sont d'ailleurs bien plus que deux, actuellement, et je m'en réjouis).
Je suis un grand fan de Waltraud Meier, mais j'essaierai tout de même d'être un peu objectif: lorsque je l'ai vu pour la première fois, beaucoup m'ont mis en garde contre sa voix ("détruite"), son timbre ("hideux"), sa technique ("défectueuse"). Alors forcément, moi qui m'attendais un peu à une Anja Silja, récupérant tant bien que mal par sa présence un instrument en ruines, j'ai été plus que rassuré! La voix n'est peut-être pas la plus belle du monde, mais elle est loin d'être indigne, je crois. D'ailleurs, elle a effectué sur le plan de la souplesse vocale pas mal de progrès ces dernières années (depuis le saison 2003-2004, en fait, où elle s'était intégralement consacrée au Lied).
J'aime habituellement ce que fait Mireille Delunsch. Je suis souvent bouleversé par l'actrice, je trouve la musicienne très intelligente et, du reste, le timbre ne m'a jamais semblé épouvantable. Je trouve toujours injuste de huer un artiste, que ce soit Mireille Delunsch m'attriste encore davantage. Je ne sais pas à quoi ressemblera son Elsa, mais je pense qu'après le 2 juin, je me rangerai effectivement du côté des enthousiastes.
J'ai une immense admiration pour Ben Heppner. Je n'ai jamais entendu Peter Seiffert autrement qu'à la radio, mais il me semble exceptionnel, lui aussi. De fait, je ne tiens pas à les opposer systématiquement: ils sont deux très grands wagnériens, ils mènent tous deux une superbe carrière, et il y a assez de place pour deux grands artistes dans le panorama du chant wagnérien (comme l'a dit Abaris, ils sont d'ailleurs bien plus que deux, actuellement, et je m'en réjouis).
Je suis un grand fan de Waltraud Meier, mais j'essaierai tout de même d'être un peu objectif: lorsque je l'ai vu pour la première fois, beaucoup m'ont mis en garde contre sa voix ("détruite"), son timbre ("hideux"), sa technique ("défectueuse"). Alors forcément, moi qui m'attendais un peu à une Anja Silja, récupérant tant bien que mal par sa présence un instrument en ruines, j'ai été plus que rassuré! La voix n'est peut-être pas la plus belle du monde, mais elle est loin d'être indigne, je crois. D'ailleurs, elle a effectué sur le plan de la souplesse vocale pas mal de progrès ces dernières années (depuis le saison 2003-2004, en fait, où elle s'était intégralement consacrée au Lied).
neilshicoff-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Moi, je le trouve très beau.Filippo a écrit:En fait, c'est con, mais le timbre m'a fasciné hier, alors que vous vous accordez pour dire que le timbre est laid. Bon, c'est subjectif.
Bé tu changes de camp, toi ?Jeanch a écrit:Euh Poupou, si je peux me permettre, Abaris a une autre connaissance de l'oeuvre et du chant wagnérien que la tienne... Et il parle de choses objectives (legato, soutien, souffle).
(j'en mets douze pour que le message passe bien, cette fois-ci)
Poupou-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Pour rebondir sur tout ce qui vient d'être dit : j'ai eu la chance d'entendre le lohengrin de Peter Seiffert à Bayreuth en 2001 et c'est de loin le plus beau lohengrin qu'il m'ait été donné d'entendre, legato, beauté du timbre, facilité dans l'aigu et vaillance aussi, un vrai chevalier au cygne dans tous les sens du terme. Il faut rappeler aussi à Bastille le regretté Gösta Windberg qui nous avait offert à Lohengrin de toute beauté et dans le genre star wars (je sais que tout le monde n'a pas aimé mais avec Kat on est fan de star wars) le lohengrin de Botha au châtelet.
Pour Meier je l'ai vu dans le rôle d'Ortrud il y a quelques années et mes cheveux se sont dressés sur ma tête, tellement son incarnation était stupéfiante et à l'époque elle possédait toutes les notes du rôle y compris les aigus des imprécations.
J'attends pour me faire une idée cette production que j'irai entendre dans quinze jours.
Pour Meier je l'ai vu dans le rôle d'Ortrud il y a quelques années et mes cheveux se sont dressés sur ma tête, tellement son incarnation était stupéfiante et à l'époque elle possédait toutes les notes du rôle y compris les aigus des imprécations.
J'attends pour me faire une idée cette production que j'irai entendre dans quinze jours.
Hagen-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
A mon tour, je fais mon petit compte-rendu:
Pour commencer, la direction d'hier soir m'a parue vraiment mauvaise: décalages, cuivres dispropotionnés, violons mièvres et peu sonores dans le prélude, soutien défectueux pour les chanteurs, souvent écrasés au 3e acte.
Je regrette de ne pas avoir entendu M.Gergiev, qui aurait sûrement insufflé du feu à une direction plate. On peut aussi regretter que dans l'annonce le nom de M.Güttler n'ait pas été formulé plus clairement.
Cette soirée, au niveau du chant a été plutôt bonne grâce à la présence de trois excellents chanteurs: Meier, Heppner, Nikitin. Je suis venue voir ce spectacle essentiellement pour Waltraud Meier, une de mes chanteuses préférées sur la scène actuelle. Son incarnation d'hier soir a été sublime et anthologique. Je m'explique: au 1er, dans la foule lorsqu'elle n'a que trois phrases à chanter, c'était elle qui attirait le regard par son charisme scénique exceptionnel, et ses gestes de dépit et de reproche vis à vis de Telramund étaient très crédibles. Mais c'est au 2 qu'elle a été proprement incroyable: l'acte entier lui appartenait. A mon sens, elle donne une interprétation renouvelée du personnage (je le confesse je ne connais que Christa Ludwig, les restes de Jones ou la mégère Varnay dans ce rôle). Meier donne l'interprétation d'une femme séductrice d'une rare perversité. Chacune de ses phrases à Telramund qu'elle séduit de nouveau (rendant son basculement encore plus crédible que si elle l'avait simplement écrasé par son autorité) ou à Elsa seraient à encadrer. J'ai la ferme intention de revenir la voir! Son jeu scénique est très engagé et crédible, son Ortrud déborde de sensualité, d'où elle tire son pouvoir. A noter également, une très bonne diction. Quant à la voix, même si le timbre est métallique j'avoue beaucoup l'apprécier. Alors certes, l'aveu du 3 est l'a vue difficulté, l'aigu est moins vaillant qu'auparavant et le grave et bas médium sont toujours aussi peu présents. Mais elle brûle les planches!
Passons à Heppner maintenant: un immense chanteur! Il phrase de bout en bout son rôle, comme s'il chantait du lied. L'allemand est bon, la diction précise (même si les r sont très roulés et certains sons typiquement germaniques comme les "ich" ou "durch" montrent son origine anglo-saxonne). Enfin, une interprétation noble et subtile du rôle. Quant à la voix, elle m'a parue en glorieuse santé hier soir, lançant ses aigus sans difficulté et au grave très étoffé presque barytonnant (à la fin du 3). Incroyable qu'elle ait gardée une telle souplesse après Tristan et les Siegfried/Siegmund concertants. On peut par contre lui faire toujours le même reproche: un jeu scénique très statique, compensé heureusement par une certaine présence.
Ensuite Nikitin, très belle voix de baryton, au timbre clair et à l'aigu bien projeté, une très belle surprise donnant à son rôle un relief inhabituel. Un chanteur à suivre qui a racheté la déception de son Jochanaan de l'automne.
Maintenant, les choses qui fâchent! La prestation de Mireille Delunsch hier soir a été très mauvaise et inintéressante au possible. Elle était dépassée par le format du rôle. Son timbre toujours aussi pointu et acide ne possédait pas l'ampleur et la rondeur exigées pour Elsa. L'aigu hier soir était tiré, crié, Delunsch a eu de nombreux trous et couacs hier soir. Comme le dit Abaris, elle devait être fatiguée et décliner au fil des représentations. L'allemand était, je m'excuse mais c'est le terme adéquat, dégueulasse avec un accent français particulièrement dérangeant. La fin du duo avec Lohengrin a été particulièrement douloureuse avec un cri (même pas juste...) à la place d'aigu. Quant au "Euch Lüften" dans lequel elle aurait pu se montrer rêveuse et émouvante, ce fut l'occasion ratée pour se rattraper, aucun legato et un phrasé inexistant. Après certes, elle a des qualités de comédienne, mais c'est bien secondaire face à une telle erreur de catsing et un contre-emploi de cette nature... (Poupou, écoute Grümmer juste pour voir!)
Quant à Lafont, ce n'était pas aussi catastrophique, mais le timbre gras, le vibrato envahissant, la ligne vocale perpétuellement malmenée, l'aigu aboyé et la brutalité de "l'interprétation" en ont fait un mauvais Telramund.
Enfin, Rootering était absent de A à Z: aucune présence, voix sourde, aigu gueulé.
Quant à la mise en scène, elle était amusante par le mélange particulièrement détonnant entre ringardise absolue (l'armure, le cygne empaillé) et le bunker d'une rare laideur. Un ratage avec beaucoup d'incohérences, même si l'on peut apprécier une certaine direction d'acteurs.
En définitive une bonne soirée, à voir pour les incarnations majeures de Meier et Heppner (qui décidemment quand ils sont réunis font des étincelles).
Pour commencer, la direction d'hier soir m'a parue vraiment mauvaise: décalages, cuivres dispropotionnés, violons mièvres et peu sonores dans le prélude, soutien défectueux pour les chanteurs, souvent écrasés au 3e acte.
Je regrette de ne pas avoir entendu M.Gergiev, qui aurait sûrement insufflé du feu à une direction plate. On peut aussi regretter que dans l'annonce le nom de M.Güttler n'ait pas été formulé plus clairement.
Cette soirée, au niveau du chant a été plutôt bonne grâce à la présence de trois excellents chanteurs: Meier, Heppner, Nikitin. Je suis venue voir ce spectacle essentiellement pour Waltraud Meier, une de mes chanteuses préférées sur la scène actuelle. Son incarnation d'hier soir a été sublime et anthologique. Je m'explique: au 1er, dans la foule lorsqu'elle n'a que trois phrases à chanter, c'était elle qui attirait le regard par son charisme scénique exceptionnel, et ses gestes de dépit et de reproche vis à vis de Telramund étaient très crédibles. Mais c'est au 2 qu'elle a été proprement incroyable: l'acte entier lui appartenait. A mon sens, elle donne une interprétation renouvelée du personnage (je le confesse je ne connais que Christa Ludwig, les restes de Jones ou la mégère Varnay dans ce rôle). Meier donne l'interprétation d'une femme séductrice d'une rare perversité. Chacune de ses phrases à Telramund qu'elle séduit de nouveau (rendant son basculement encore plus crédible que si elle l'avait simplement écrasé par son autorité) ou à Elsa seraient à encadrer. J'ai la ferme intention de revenir la voir! Son jeu scénique est très engagé et crédible, son Ortrud déborde de sensualité, d'où elle tire son pouvoir. A noter également, une très bonne diction. Quant à la voix, même si le timbre est métallique j'avoue beaucoup l'apprécier. Alors certes, l'aveu du 3 est l'a vue difficulté, l'aigu est moins vaillant qu'auparavant et le grave et bas médium sont toujours aussi peu présents. Mais elle brûle les planches!
Passons à Heppner maintenant: un immense chanteur! Il phrase de bout en bout son rôle, comme s'il chantait du lied. L'allemand est bon, la diction précise (même si les r sont très roulés et certains sons typiquement germaniques comme les "ich" ou "durch" montrent son origine anglo-saxonne). Enfin, une interprétation noble et subtile du rôle. Quant à la voix, elle m'a parue en glorieuse santé hier soir, lançant ses aigus sans difficulté et au grave très étoffé presque barytonnant (à la fin du 3). Incroyable qu'elle ait gardée une telle souplesse après Tristan et les Siegfried/Siegmund concertants. On peut par contre lui faire toujours le même reproche: un jeu scénique très statique, compensé heureusement par une certaine présence.
Ensuite Nikitin, très belle voix de baryton, au timbre clair et à l'aigu bien projeté, une très belle surprise donnant à son rôle un relief inhabituel. Un chanteur à suivre qui a racheté la déception de son Jochanaan de l'automne.
Maintenant, les choses qui fâchent! La prestation de Mireille Delunsch hier soir a été très mauvaise et inintéressante au possible. Elle était dépassée par le format du rôle. Son timbre toujours aussi pointu et acide ne possédait pas l'ampleur et la rondeur exigées pour Elsa. L'aigu hier soir était tiré, crié, Delunsch a eu de nombreux trous et couacs hier soir. Comme le dit Abaris, elle devait être fatiguée et décliner au fil des représentations. L'allemand était, je m'excuse mais c'est le terme adéquat, dégueulasse avec un accent français particulièrement dérangeant. La fin du duo avec Lohengrin a été particulièrement douloureuse avec un cri (même pas juste...) à la place d'aigu. Quant au "Euch Lüften" dans lequel elle aurait pu se montrer rêveuse et émouvante, ce fut l'occasion ratée pour se rattraper, aucun legato et un phrasé inexistant. Après certes, elle a des qualités de comédienne, mais c'est bien secondaire face à une telle erreur de catsing et un contre-emploi de cette nature... (Poupou, écoute Grümmer juste pour voir!)
Quant à Lafont, ce n'était pas aussi catastrophique, mais le timbre gras, le vibrato envahissant, la ligne vocale perpétuellement malmenée, l'aigu aboyé et la brutalité de "l'interprétation" en ont fait un mauvais Telramund.
Enfin, Rootering était absent de A à Z: aucune présence, voix sourde, aigu gueulé.
Quant à la mise en scène, elle était amusante par le mélange particulièrement détonnant entre ringardise absolue (l'armure, le cygne empaillé) et le bunker d'une rare laideur. Un ratage avec beaucoup d'incohérences, même si l'on peut apprécier une certaine direction d'acteurs.
En définitive une bonne soirée, à voir pour les incarnations majeures de Meier et Heppner (qui décidemment quand ils sont réunis font des étincelles).
Komponist-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Merci à Komponist pour son très long CR. Je souscris entièrement à son avis et à celui d'Abaris notamment en ce qui concerne le Lohengrin de Heppner. Pour moi, le ténor canadien incarne en bien des points (en tous cas lors de la première, je n'étais pas à la représentation d'hier soir) le sommum de l'art vocal chez Wagner. Je trouve le timbre absolument stupéfiant de beauté, son legato est exemplaire, sa diction aussi, ses 'r' roulés ne m'ont jamais choqué, et la classe de la ligne me laisse à chaque fois pantois. Ca avait été pareil avec son Walther, son Tristan, son Grimes....
Meier n'a peut-être pas le timbre le plus envoutant du monde, mais elle donne une telle force dans la caractérisation de ses personnages et une telle démesure que ça fait vite oublier les quelques défauts techniques qui émaillent parfois son chant. Elle n'a plus les aigus d'Ortrud aussi triomphants qu'à l'époque de Gall, mais les frissons sont toujours aussi présents, eux.
Je ne suis pas de ceux qui cassent du sucre sur le dos de Mireille Delunsch gratuitement, elle m'a beaucoup ému en Mélisande, je trouve ses Gluck au disque captivants, sa Louise et son Elvira étaient sinon bien chantées du moins très crédibles scéniquement, sa Folie dans Platée était une leçon de théâtre. Mais là je ne peux pas la défendre : elle ne donne aucune dimension au rôle, et surtout les défauts intrinsèques de sa (somme toute) petite voix ressortent avec évidence dans ce répertoire : la largeur de la ligne l'oblige à crier les aigus, le timbre devient très acide, la ligne est par nature très courte, alors qu'il faut chez Elsa sentir une largeur et une aisance au-delà même de ce que l'écriture requiert (comme avec Norman par exemple)... bref elle n'as pas, physiologiquement je crois, le format requis pour ces emplois de wagnériens blonds, et comme elle ne croit pas tellement au personnage (en tous cas c'est ce que j'ai ressenti de sa prestation), il ne reste plus grand chose à sauver.
Meier n'a peut-être pas le timbre le plus envoutant du monde, mais elle donne une telle force dans la caractérisation de ses personnages et une telle démesure que ça fait vite oublier les quelques défauts techniques qui émaillent parfois son chant. Elle n'a plus les aigus d'Ortrud aussi triomphants qu'à l'époque de Gall, mais les frissons sont toujours aussi présents, eux.
Je ne suis pas de ceux qui cassent du sucre sur le dos de Mireille Delunsch gratuitement, elle m'a beaucoup ému en Mélisande, je trouve ses Gluck au disque captivants, sa Louise et son Elvira étaient sinon bien chantées du moins très crédibles scéniquement, sa Folie dans Platée était une leçon de théâtre. Mais là je ne peux pas la défendre : elle ne donne aucune dimension au rôle, et surtout les défauts intrinsèques de sa (somme toute) petite voix ressortent avec évidence dans ce répertoire : la largeur de la ligne l'oblige à crier les aigus, le timbre devient très acide, la ligne est par nature très courte, alors qu'il faut chez Elsa sentir une largeur et une aisance au-delà même de ce que l'écriture requiert (comme avec Norman par exemple)... bref elle n'as pas, physiologiquement je crois, le format requis pour ces emplois de wagnériens blonds, et comme elle ne croit pas tellement au personnage (en tous cas c'est ce que j'ai ressenti de sa prestation), il ne reste plus grand chose à sauver.
philou- Admin
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Hagen a écrit:Pour rebondir sur tout ce qui vient d'être dit : j'ai eu la chance d'entendre le lohengrin de Peter Seiffert à Bayreuth en 2001 et c'est de loin le plus beau lohengrin qu'il m'ait été donné d'entendre, legato, beauté du timbre, facilité dans l'aigu et vaillance aussi, un vrai chevalier au cygne dans tous les sens du terme..
Filippo- Nombre de messages : 147
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
A propos du cas Delunsch, je ne casse pas du sucre gratuitement sur son dos, c'est une chanteuse que j'ai beaucoup appréciée en Governess, en Folie, en Mélisande et même en Traviata où la félure du timbre était émouvante (quelle actrice aussi!). Mais ce que j'ai vu d'elle cette saison, à savoir Elettra et Elsa a été vraiment très mauvais et il me semble que ces derniers temps elle a fait de mauvais choix dans des répertoires qui ne lui conviennent pas (comme le fait de chanter les quatre rôles féminins des Contes).
Komponist-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Franchement, je me répète, mais Nikitin me laisse de marbre, tellement j'ai l'impression qu'il existe des dizaines de voix comme la sienne...JE trouve cette voix sans personnalité, même si il est vrai que le rôle ne donne pas beaucoup de latitude pour construire quelque chose.
Très beau compte rendu de Komponist et je souscris complètement à ce qu'il dit sur la présence magnétique de Meier sur scène. Ca m'avait fait reculer dans mon fauteuil der derniers rangs du second balcon lors de Tristan lorsqu'elle avait ouvert la bouche. Incroyable.
Quand même, chez Heppner, ça ne vous gêne pas ces sons très nasalisés par moment. Autant j'ai entendu par moment des couleurs barytonantes extraordinaires, autant j'entends des sons très focalisés à d'autres moments. Non ? Immense artiste quand même évidemment. Là n'est pas la question
Très beau compte rendu de Komponist et je souscris complètement à ce qu'il dit sur la présence magnétique de Meier sur scène. Ca m'avait fait reculer dans mon fauteuil der derniers rangs du second balcon lors de Tristan lorsqu'elle avait ouvert la bouche. Incroyable.
Quand même, chez Heppner, ça ne vous gêne pas ces sons très nasalisés par moment. Autant j'ai entendu par moment des couleurs barytonantes extraordinaires, autant j'entends des sons très focalisés à d'autres moments. Non ? Immense artiste quand même évidemment. Là n'est pas la question
Filippo- Nombre de messages : 147
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Komponist a écrit:A propos du cas Delunsch, je ne casse pas du sucre gratuitement sur son dos, c'est une chanteuse que j'ai beaucoup appréciée en Governess, en Folie, en Mélisande et même en Traviata où la félure du timbre était émouvante (quelle actrice aussi!). Mais ce que j'ai vu d'elle cette saison, à savoir Elettra et Elsa a été vraiment très mauvais et il me semble que ces derniers temps elle a fait de mauvais choix dans des répertoires qui ne lui conviennent pas (comme le fait de chanter les quatre rôles féminins des Contes).
Moi aussi je tiens à rendre hommage au talent de Mireille : sa Mélisande et sa Gouvernante étaient sublimes, son Armide avec Minko est une incarnation majeure de l'histoire du disque, dans Elvira et Elettra elle incarnait des personnages bouleversants. En plus j'aime beaucoup son timbre quand elle ne force pas.
Mais avec Arabella, Louise ou surtout Elsa, ellle se dirige vers des rôles où elle a peu à dire et qui la mettront en difficulté si elle persiste dans cette voie.
abaris-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
J'ai déjà essayé, le moins que l'on puisse dire est que ce ne fut pas le coup de foudre...(Poupou, écoute Grümmer juste pour voir!)
Mais bon, tout ça ne nous dit pas où tu étais cachée hier !
Sinon, pour l'anecdote, après le contrôle des billets, une nana distribuait des échantillons d'Opium (le parfum). A quand une boutique de luxe au sein de Bastille !
Poupou-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Oui, il est certain que les incidents vocaux d'hier soir ne sont pas dus au hasard...
Filippo- Nombre de messages : 147
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Kat a écrit:il n'y a pas d'âge pour apprendre !
Wind', au risque de me répéter : vas acheter la théorie de la musique de Danhauser ! lis chapitre après chapitre, tu verras il y a les définitions des principaux termes musicaux. En plus tu auras besoin de tout ça pour nous jouer un jour Bach !
Kat.
Désolé pour le HS, mais j'ai acheté celle d'Abromont chez Fayard dans la collection "Les indispensables de la musique", sans avoir eu le temps de l'ouvrir encore. Quelqu'un connait ?
Filippo- Nombre de messages : 147
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Mais merci!Filippo a écrit:Très beau compte rendu de Komponist et je souscris complètement à ce qu'il dit sur la présence magnétique de Meier sur scène.
A propos, je ne suis pas un homme!
Komponist-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Komponist a écrit:Mais merci!Filippo a écrit:Très beau compte rendu de Komponist et je souscris complètement à ce qu'il dit sur la présence magnétique de Meier sur scène.
A propos, je ne suis pas un homme!
JE te présente toutes mes excuses. Je suis réellement confus.
Dernière édition par le Dim 27 Mai 2007, 14:54, édité 1 fois
Filippo- Nombre de messages : 147
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Komponist a écrit:
A propos, je ne suis pas un homme!
Même pas un travesti ou un transgenre ???
LeChevalierDesGrieux- Nombre de messages : 544
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Ben oui, Komponist est un rôle travesti Filippo !
jeanch- Nombre de messages : 1140
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Ben non, contrairement à ce que pourrait indiquer mon pseudo!
Komponist-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Poupou a écrit:
Sinon, pour l'anecdote, après le contrôle des billets, une nana distribuait des échantillons d'Opium (le parfum). A quand une boutique de luxe au sein de Bastille !
ça vaut mieux qu'une distribution de liqueur Baileys à l'entrée d'un récital de Margaret Price au TCE (histoire vécue)
Loutherbourg-
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Et Smirnoff à un concert Gergiev, jamais ?
Dernière édition par le Dim 27 Mai 2007, 15:15, édité 1 fois
jeanch- Nombre de messages : 1140
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Loutherbourg a écrit:Poupou a écrit:
Sinon, pour l'anecdote, après le contrôle des billets, une nana distribuait des échantillons d'Opium (le parfum). A quand une boutique de luxe au sein de Bastille !
ça vaut mieux qu'une distribution de liqueur Baileys à l'entrée d'un récital de Margaret Price au TCE (histoire vécue)
Au moins la salle était dans le même état que la chanteuse...
LeChevalierDesGrieux- Nombre de messages : 544
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Re: Lohengrin à Bastille - Gergiev/ Carsen - mai/ juin 2007
Un éclairant entretien de J-P. Lafont avec Mehdi Mahdavi.
http://www.altamusica.com/entretiens/document.php?action=MoreDocument&DocRef=3419&DossierRef=3056
"Lorsqu’on est trop opératique, considéré comme un chanteur-acteur, on perd un peu le sens du bel canto, de la qualité dans l’expression musicale et vocale. Dans sa grande rigueur, sa simplicité, le baroque nous amène, et nous oblige à revenir à un classicisme que l’on peut négliger dans des rôles plus ou moins véristes ou wagnériens. "
http://www.altamusica.com/entretiens/document.php?action=MoreDocument&DocRef=3419&DossierRef=3056
"Lorsqu’on est trop opératique, considéré comme un chanteur-acteur, on perd un peu le sens du bel canto, de la qualité dans l’expression musicale et vocale. Dans sa grande rigueur, sa simplicité, le baroque nous amène, et nous oblige à revenir à un classicisme que l’on peut négliger dans des rôles plus ou moins véristes ou wagnériens. "
abaris-
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