Un Bal masqué à Bastille / Bychkov-Weigold/ Deflo - juin 07

abaris a écrit:Soirée de cauchemar à Bastille, pour le pire ratage de l'ère Mortier. Une mise en scène repoussante de laideur et désolante de vide, un plateau catastrophique où ne satisfait vraiment que Camilla Tilling et où un ténor malade (!) et exsangue, ainsi qu'une Amélia inacceptable d'indigence technique et de mauvais chant ont défiguré Verdi.

Y'a plus qu'à prier très fort ou à croiser les doigts pour récupérer Marcelo très vite !
C'est mon premier Ballo en vrai. Je s'en que je vais m'en rappeler longtemps !!

vu l'ambiance de cette première, heureusement qu'ils n'avaient pas prévu de la diffuser en direct sur écran géant sur la place de la Bastille comme cela avait été fait lors du dernier Ballo (avec Pavarotti)...

Polyeucte a écrit:
Réponse de Gérard Mortier :
"Vous comprenez que Verrrrrdi est un compositeur assez pettit bourgeois tout de même. Malgrrrrrrré tout, il me faut le prrrrogrrrrrammer afin de rrrrremplir mes salles et rrrrrrenflouer les caisses suite aux progrrrrrammation d'oeuvrrrrrrres moins connues mais plus politiques tels que Makropoulos. Donc, je fais des mises en scène hideuses, un interrrrrprrrrrète voir deux qui vont attirrrrrrer du monde et ainsi, je vais dégouter les gens de Verrrrrrrrrrdi... J'ai déjà fais ça avec Simon Boccanegrrrrrrrra, cette année je me lance dans le Bal Masqué et la Trrrrrrrrraviata!"

Par contre le CR d'abaris et Stolzing me fait moins rire

moi qui m'attendais au spectacle de l'année

ce n'est pas forcément une erreur de voir Traviata juste après alors ?

ceci dit, la mise en scène de Semiramide n'était pas laide du tout, juste noire et immobile .


(pour les curieux, allez voir la petite vidéo de Luisa Miller sur le site de l'opéra de Munich, une vraie mise en scène et une direction d'acteurs, ça bouge ! ).

Une véritable honte, en effet, pour l’ONP et son directeur, que cet affligeant Ballo in Maschera.

Deflo refait, en pire, sa Semiramide du TCE. Il n’y a aucun travail dramaturgique, aucune direction d’acteurs, c’est d’un statisme désespérant. Les décors rivalisent dans le sinistre, la laideur et le mauvais goût. Le tout est mal éclairé ce qui fait qu’on n’y voit pas grand chose..

On ne peut porter un vrai jugement sur Evan Bowers, malade, et qui s’est égosillé toute la soirée d’une voix chancelante et éraillée. C’était absolument catastrophique et très pénible. Toutefois, Bowers n’a pas manqué de laisser entrevoir quelques qualités d’interprète, notamment dans la scène finale.

C’est tout ce qui manque, d’ailleurs, à Angela Brown, dont les débuts hier à l’ONP ont été catastrophiques. Dotée d’un très beau timbre, charnu et aux riches harmoniques, dans le haut- médium, la chanteuse ne présente par ailleurs que des registres hétérogènes et mal soudés, un grave trop poitriné à la couleur ingrate, un bas-médium sourd. La voix est affligée d’un vibrato disgracieux, les nuances sont rares, les attaques rarement à la bonne hauteur. Tout cela ne serait pas dramatique si la chanteuse avait la moindre notion de ce qu’est le chant verdien. L’inexistance de la ligne ruine littéralement la moindre de ses interventions, et notamment Ma dall'arrido stelo divulsa, absolument terrifiant. Et on ne cherchera pas la moindre velléité d’interprétation fondée sur le texte (incompréhensible), ou sur l’accent dans cette prestation insipide et placide, où quelques grimaces et trémolos mal venus ne font que souligner le manque d’intelligence musicale de cette artiste.

Tézier ne m’a guère convaincu. La beauté de la ligne et du timbre sont indiscutables, mais, outre le fait que l’interprète soit comme souvent placide et terne, le timbre manque trop de largeur pour un emploi de baryton-verdi. Et ce chant, où les consonnes ne sont parfois qu’effleurées, manque terriblement de mordant et d’italianité pour en faire un grand Renato. C’est correct, bien sûr, mais c’est tout.

Manistina est une Ulrica un peu rude et sommaire mais correcte et efficace. Très belle prestation de Camilla Tilling en Oscar.

Très belle direction de Semyon Bychkov, cursive, vive, théâtrale, qui a su tirer de l’orchestre de l’ONP de belles couleurs, même si la mise en place est perfectible.

Triste soirée. Quand on pense que certains ont payé 150 euros pour voir cette horreur, on en a mal pour eux.

muriel a écrit:
ceci dit, la mise en scène de Semiramide n'était pas laide du tout, juste noire et immobile ..

Je n'avais pas trouvé Sémiramide laid non plus, mais hier j'ai vraiment trouvé les décors affreux.

abaris a écrit:Une véritable honte, en effet, pour l’ONP et son directeur, que cet affligeant Ballo in Maschera.

Je sais que tu tapes parfois un peu fort sur les représentations mais en tout cas tout le monde est d'accord : ça donne pas du tout envie... J'espère ne pas vivre la même désillusion le 1/07 sinon, même si mon voisin hurle bravo, je crois que je vais râler tout de même (bon, j'aurai pas Deflo sous la main mais il semble que j'aurai largement de quoi compenser).
Le but est de massacrer Verdi à l'ONP ? Espérons qu'ils se rôdent au fur et à mesure des représentations.

Tézier ne m’a guère convaincu. La beauté de la ligne et du timbre sont indiscutables, mais, outre le fait que l’interprète soit comme souvent placide et terne, le timbre manque trop de largeur pour un emploi de baryton-verdi.

Tézier n'est pas réputé pour sa dépense d'énergie sur scène. Et il n'est pas un baryton-verdi. Comment était le "Eri tu" ?

Manistina est une Ulrica un peu rude et sommaire mais correcte et efficace. Très belle prestation de Camilla Tilling en Oscar.

c'est toujours ça.

Triste soirée. Quand on pense que certains ont payé 150 euros pour voir cette horreur, on en a mal pour eux.

Il faut dire qu'un certain Marcelo Alavarez était censé chanter...

Ca fait très peur ...

(bon, heureusement que ce ne sont que des places à 10 euros que j'ai...)

Abigaille a écrit:
(bon, heureusement que ce ne sont que des places à 10 euros que j'ai...)

Merci à Mortier d'avoir inventé les places à 5 euros.

Oui et à 9 euros aussi ... On regrette moins sa place au moins ...

Ne soyons pas défaitistes, cela ne peut que s'améliorer...

Hélinant a écrit:Ne soyons pas défaitistes, cela ne peut que s'améliorer...

Certes. C'est dommage pour ceux qui n'auront vu que cette première.

abaris a écrit:

Hélinant a écrit:Ne soyons pas défaitistes, cela ne peut que s'améliorer...

Certes. C'est dommage pour ceux qui n'auront vu que cette première.

Oui je sais bien. Je ferai plusieurs "première" l'an prochain et il est clair que si c'est pas bon je serai déçu.

D'ailleurs rien de prouve que cela s'améliorera forcément ; la représentation à laquelle j'irai sera peut-être mauvaise également ! Et comme pour ce ballo je n'en fais qu'une seule...

Mais où est donc passé Gustavo III ?
Triste soirée hier avec la première du bal masqué. Hors les retrouvailles avec Verdi et l’excellente direction de Bychkov, dramatique, nerveuse quand il le faut (duo, trio de l’acte II), lyrique, mettant en valeur les pupitres des cordes (prélude de la grande scène Ecco l’orrido campo), et… aussi les cuivres (ils ont l’air en grande forme en ce moment ), le reste laisse perplexe ou énerve franchement.
La mise en scène d’abord. La mise en scène ? Quelle mise en scène ? Hein ? Ah oui, le bidule noir et blanc avec des aigles partout ? Les poteaux autour duquel tourne Amelia comme une âme en peine pendant ¼ d’heure, histoire de faire quelque chose ? Les feux de bois autour desquels tournicotent quelques figurantes sensées évoquer une quelconque danse lascive (tu parles !) ? Non, là on a atteint le degré Zéro de la mise en scène. Wilson fait dans le bleu, Deflo donne dans le noir et blanc. A part ça : RIEN. Le néant, le trou noir, tout ce que vous voulez . Les chanteurs chantent sans jamais se regarder et les quelques indications scéniques sont plus ridicules qu’autre chose (ah ! Tézier essayant d’étrangler Amelia ! Il n’arrive même pas à lui serrer le cou avec ses deux grandes paluches ). Mais le public applaudit cette merde sans sourciller, l’enthousiasme va même jusqu’à applaudir au lever de rideau du bal proprement dit, tout ça parce que l’on y voit quelques danseuses en robes de carnaval (noir et blanc of course), un orchestre dans le fond et d’immondes torchères ornées, je vous demande avec quoi… des aigles !
Reste le chant. Alvarez ayant annulé, l’ONP a été dénicher Bowers qui, on le sent, aurait essayé de sauver la situation car il est musicien, connaît bien son rôle et a quelques idées sur la question. Làs ! Le pauvre était malade comme un chien : enroué dès que la voix descendait dans le médium, le chanteur voyait ses aigus (qu’il a pourtant faciles apparemment) se réduire comme peau de chagrin au fur et à mesure de la représentation. Il fut même contraint de laisser en plan quelques phrases ascendantes du duo avec Amelia pour être sûr de décrocher les aigus… Il n’y peut rien et j’admire qu’il ait tenu jusqu’au bout dans cet état, mais le véritable scandale est que l’ONP laisse ce pauvre type se bousiller la voix plutôt que d’arrêter la représentation . On me dit que le bal masqué comporte un grand rôle de soprano. Ah oui, c’est vrai, Mme Brown a une grande voix pourvue d’un vibrato aussi large que son tour de taille . Elle est pourtant en début de carrière. Ça donne le mal de mer, ça crie, ça hurle (bonjour la supplication de Morro ma prima in grazia) et ça joue comme un patate (c’est sûr que Deflo ne l’a pas aidée). Le sommet du ridicule étant atteint dans la scène de l’orrido campo (un gibet avec… deux aigles, j’en ai marre des piafs ) où Amelia tourne autour d’un poteau, puis de l’autre, roule des yeux grands comme des soucoupes et au moment fatal (ah ! che veggio ? une testa…) recule précipitamment en ramassant ses jupes l’air effaré de celle qui cherche un tabouret en ayant découvert une souris dans sa cuisine . La douleur est mimée par le buste ployé, les bras croisés plaqués sur le ventre (on se demande tout d’un coup si elle n’est pas vraiment malade) et les autres émotions par un massage de l’ample poitrine de la dame… exaltant… exaltant .
Reste deux satisfactions : Tilling et Tézier. Tilling déjoue les pièges d’Oscar, se tire très bien de ses airs, sait être piquante, sait bouger et apporte un peu de vie sur scène. Tézier est, comme toujours, excellent chanteur, le timbre est beau, l’artiste a de la prestance, mais pourrait-il un jour, rien qu’un jour, abandonner son air digne et compassé pour incarner réellement un personnage, exprimer des émotions ? Je le répète : c’est très beau, mais ça ne touche jamais.
Bon, je suis sortie de là énervée, en rogne contre l’ONP et me demandant comment j’ai bien pu être assez bête pour me réabonner l’année prochaine .
Kat.

Kat a écrit:On me dit que le bal masqué comporte un grand rôle de soprano. Ah oui, c’est vrai, Mme Brown a une grande voix pourvue d’un vibrato aussi large que son tour de taille .
Kat.

En prison, en prison Kat! Je t'apporterai des oranges si tu veux et tu me refiles ton abonnement à l'Onp après ton procès, ok?
Merci pur ton compte-rendu!

Kat a écrit:
Bon, je suis sortie de là énervée, en rogne contre l’ONP et me demandant comment j’ai bien pu être assez bête pour me réabonner l’année prochaine .
Kat.

seulement masochiste, peut-être...

Au fait, quelqu'un a-t-il une idée sur la signification de ces aigles ?

l'aigle américain.
Kat.

Kat a écrit:l'aigle américain.
Kat.

Absolument, c'est dans l'amérique du 18è qu'est censée se dérouler l'action et l'idée était de faire coller mise en scène et livret...

Hélinant a écrit:
Absolument, c'est dans l'amérique du 18è qu'est censée se dérouler l'action et l'idée était de faire coller mise en scène et livret...

Ce qui nous change des habituelles transpositions bizarres... mais bon, là, c'est plus collé si il y a tellement d'aigles...

Hélinant a écrit:

Kat a écrit:l'aigle américain.
Kat.

Absolument, c'est dans l'amérique du 18è qu'est censée se dérouler l'action et l'idée était de faire coller mise en scène et livret...

ouais, sauf que l'action est transposée vers 1860. ça colle donc pour les aigles, mais pour le livret (liens avec l'Angleterre) il y a quelques flottements.
Mais ça on s'en moque.
Kat.
ps non, je ne suis pas masochiste, seulement bête.

Kat a écrit:
Bon, je suis sortie de là énervée, en rogne contre l’ONP et me demandant comment j’ai bien pu être assez bête pour me réabonner l’année prochaine .
Kat.

Moi, je n'ai pas fait cette erreur.

Kat a écrit:
Il n’y peut rien et j’admire qu’il ait tenu jusqu’au bout dans cet état, mais le véritable scandale est que l’ONP laisse ce pauvre type se bousiller la voix plutôt que d’arrêter la représentation . Kat.

Ca c'est absolument scandaleux. Même s'il a accepté, la responsabilité de le laisser chanter dans cet état incombe à l'ONP et les conséquences pourraient être lourdes pour ce chanteur. Je trouve que ce n'est pas très pro de la part d l'ONP de n'avoir pas de solutions de secours.

Kat a écrit:
ps non, je ne suis pas masochiste, seulement bête.

Ne t'inquiètes pas, nous sommes plusieurs "bêtes" au point de s'abonner/réabonner

Hélinant a écrit:
Absolument, c'est dans l'amérique du 18è qu'est censée se dérouler l'action et l'idée était de faire coller mise en scène et livret...

l'Amérique du XVIIIe n'avait pas l'aigle comme emblème

En ce qui concerne Bowers, des membres du personnel de l'ONP m'ont affirmé qu'il était déjà malade le soir de la générale.

abaris a écrit:En ce qui concerne Bowers, des membres du personnel de l'ONP m'ont affirmé qu'il était déjà malade le soir de la générale.

Donc cela veut dire que l'ONP ne pouvait qu'être alertée de la situation. C'est d'autant plus dommage de l'avoir laissé chanter (mais bon, peut-être a-t-il insisté avec conviction), mais surtout de le voir s'esquinter la voix sur scène et de le laisser continuer !