Pelléas et Mélisande au TCE (juin 2007)

C'est Marie-Aude Roux qui signe le papier.

Misère... Bon, enfin, l'explication vaut aussi pour Lapointe, même si je ne vois pas trop le rapport (à vrai dire, je trouve Pelléas et Mélisande tous les deux assez têtes à claques et pas sexuels pour un sou).

Pourquoi ai-je pris ça pour du Machart ? C'est vrai que l'on retrouve le style inimitable de Marieode... Je pense que la plupart des contributeurs réguliers de ce site seraient meilleurs qu'elle à son poste.

philuper a écrit:Cette critique du monde est en effet débile et incompréhensible. Quelle prétention ! Machart est peut être un rien paresseux et dandy, il se manifeste au moins par sa connaissance de la musique, sa culture et son style.

Bien d'accord. cette critique est purement et simplement honteuse. Prétention, vulgarité, formules creuses et pédantes. Pas un mot sur l'orchestre. Je ne comprends pas très bien la violence de la charge contre Martinoty. Je n'ai pas vu de bunker, les allusions "lourdingues" à la maçonnerie m'échappent. Et je suis étonné qu'une production qui a sans conteste fait l'objet d'un profond travail de direction d'acteurs, qui ne provoque pas et qui ne trahit pas l'oeuvre fasse l'objet d'une telle sévérité. MAR préfère peut être les nanars funèbres à la Deflo ?

jeanch a écrit:

abaris a écrit:La critique - très sévère - du Monde.

http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3246,36-923969@51-924061,0.html

C'est aussi mauvais que du Catherine Schoeller...

je trouve que comparée à Marieode, C Schoeller a la distinction de Mme de Sévigné !

Au royaume des aveugles...

Une critique dans La Tribune.

abaris a écrit:
Je n'ai pas vu de bunker, les allusions "lourdingues" à la maçonnerie m'échappent.

Dans la scène de la tour, la chevelure de Mélisande est encadrée dans un triangle qui, à mon avis, symbolise le sexe féminin (d'où mon commentaire sur le prosaïsme relatif de la production) : Machart voit des francs-maçons dès qu'il voit un triangle (je suppose qu'il ne connait pas le code de la route !).

Le bunker, c'est parce que Machart s'est endormi pendant Lohengrin et réveillé pendant Pelléas

mais c'est pas Machart, c'est Marie Aude !

"La mise en scène (...) remplie de miasmes chtoniens".

Sacrée Marie-Aude!

Placido Carrerotti a écrit:

abaris a écrit:
Je n'ai pas vu de bunker, les allusions "lourdingues" à la maçonnerie m'échappent.

Dans la scène de la tour, la chevelure de Mélisande est encadrée dans un triangle qui, à mon avis, symbolise le sexe féminin (d'où mon commentaire sur le prosaïsme relatif de la production)

J'y ai vu le même symbole.

Kozena est tendue dans la première scène : crier sur "tous, tous !" c'est étrange quand même...
En revanche la prise de son très proche de l'orchestre est plus que flatteuse pour Haitink, on retrouve bien le résultat du disque. Comme quoi une prise de son, ça permet bien des choses...

jeanch a écrit:Kozena est tendue dans la première scène : crier sur "tous, tous !" c'est étrange quand même...
En revanche la prise de son très proche de l'orchestre est plus que flatteuse pour Haitink, on retrouve bien le résultat du disque. Comme quoi une prise de son, ça permet bien des choses...

Pour Haitink, pas pour l'orchestre lui-même. Kozena, non, ce n'est vraiment pas ça.

Je remarque que Lemieux dit "Péléas" et non "PèLLéas".

Kozena chante faux.

Mes impressions sur la soirée du 16.

Dans l'ensemble j'ai trouvé que c'était une très belle représentation.
Les points faibles :
l'Arkel de Gregory Reinhart, au vibrato envahissant et à la diction très moyenne. Certaines phrases étaient difficilement compréhensibles (son "On a tant besoin de beauté aux côtés de la mort", par exemple) et c'est vraiment dommage.
Magdalena Kozena, avec sa voix somptueuse, pourrait camper une Mélisande idéale; malheureusement il n'en est rien. La justesse est parfois mise à mal, mais c'est surtout la diction qui est problématique, et de surcroît avec son chant monocorde elle ne parvient qu'à de rares moments à livrer une interprétation un tant soit peu fouillée du personnage. Ni charme ni mystère ne se dégagent vraiment.
Autre point faible : la direction, qui m'a paru manquer cruellement de nerf et de nuances. La fin du IV qui me bouleverse habituellement a été gâchée par la molesse et l'absence de la moindre tension dans la fosse.

Hormis ces réserves, la mise en scène et le reste de la distribution sont de très bonne tenue.
La mise en scène tout d'abord offre un parti pris intéressant, notamment comme cela a été dit sur le personnage de Mélisande. La relative fadeur de Kozena n'en est que plus regrettable...
La scénographie et les costumes sont très beaux et il y a une véritable direction d'acteurs, qui témoigne d'un travail et d'une réflexion aprofondis, avec le souci de moderniser l'approche de l'oeuvre sans la dénaturer.
Marie-Nicole Lemieux et Amel Brahim-Djelloul sont toutes deux remarquables. Le Pelléas et Jean-François Lapointe est magnifique en tous points : beauté de la voix, diction, expressivité, jeu d'acteur... Il offre de très beaux moments d'émotion au IV.
Last but not least, le Golaud de Laurent Naouri est proprement sublime, n'était une toute petite tendance à forcer à certains moments. Avec sa diction d'un exceptionnelle qualité il campe un Golaud profondément humain, tout en nuances et en subtilité. Chaque mot dans sa bouche est lourd de sens et prend une résonnance particulière. Bref, une excellente surprise.

Merci Chryso. Mon opinion est identique à la tienne sur les forces et faiblesses de ce spectacle, que j'irai voir à nouveau avec plaisir demain soir.

En écoutant Naouri en direct sur France Mu hier soir, j'ai trouvé ça peut-être encore plus remarquable qu'à la première.

La critique d'Eric Dahan.

http://www.liberation.fr/culture/musique/261779.FR.php

Dans la critique du Figaro (pas en ligne), Christian Merlin parle d'un ONF "en état de grâce".

jeanch a écrit:Dans la critique du Figaro (pas en ligne), Christian Merlin parle d'un ONF "en état de grâce".

J'ai un peu de mal à comprendre aussi.

Pour ceux qui peuvent écouter, Jean-Louis Martinoty et Dominique Meyer seront reçus sur France Culture aujourd'hui vers 13h00.

Sans vouloir jouer les trouble-fête, je garde un souvenir pénible de Kozena en Mélisande à l'Opéra Comique, dans la version de concert dirigée par Minko pour le Centenaire de l'oeuvre : minaudière et inintéressante au possible....Je vois que sa lecture du personnage n'a guère progressé...

Quant à Naouri, tant mieux s'il a affiné son interprétation de Golaud, car je l'ai toujours trouvé plutôt "brut de décoffrage" dans ce rôle...

Enfin, je garde aussi un très mauvais souvenir du Figaro de Lapointe dans "Le Barbier de Séville".... Lourd, très lourd....Tant mieux si son Pélléas est de bonne tenue.....

J'ai eu la chance d'assister aux 2 concerts - mémorables - du TCE en 2000 avec Haitink et von Otter - extraordinaire - en Mélisande...
Et coté scène, j'ai vu à Garnier la superbe mise en scène de Lavelli, avec von Stade, sublime.... ( et Bacquier en Golaud - phénoménal ) et bien plus récemment au Met, la production très psychanalytique de Jonathan Miller,toujours avec von Otter, ambigüe à souhait, et le Golaud de Van Dam, "à faire pleurer les pierres"..

Alors, bon, le caractère manipulateur de Mélisande n'est franchement pas
une nouveauté, Catherine Clément en parlait déja dans son texte désormais célèbre paru dans l'Avant-scène Opéra....

Tout cela pour conclure que ce n'est pas" pour faire des économies" que je n'irai pas voir ce spectacle, mais surtout parce que je n'en ai pas envie.

Il parait que cela sera diffusé sur Arte en septembre.. Il sera toujours temps de le voir à ce moment-là....

Juditha

Représentation d'exception ce soir au TCE, comme on n'en vit qu'une ou deux par saison.
L'émotion et la tension sont montées progressivement. La scène de la tour ne m'avait jamais semblé aussi érotique musicalement, l'Yniold inquiet et conscient du drame, le duo du IV si cosmique et frissonnant, le cinquième acte si déchirant et nostalgique.


Passons sur les points faibles (Reinhart et Kozena, pourtant relativement meilleure qu'aux autres représentations) pour retenir tout le reste.

D'abord la mise en scène d'une richesse et d'une précision incroyables (les regards !). Si j'y retourne deux fois, j'y découvrirai encore d'autres détails je pense. Et cette scénographie, quelle beauté (la scène de la tour et le V avec les lumières sur ce magnifique décor) sans gommer ni la douleur, ni la crudité du drame. Le tout avec une économie qui conforte l'évidence de la vision de Martinoty et de son équipe. Un merveilleux spectacle, qui est capté pour une diffusion prévue sur Arte en septembre.

J'étais assez réservé sur la prestation de l'ONF dirigé par B. Haitink après la première et la retransmission de samedi dans une moindre mesure. J'ai entendu ce soir une superbe prestation, sans doute perfectible dans les attaques et les timbres (l'ONF...), mais avec un travail de souplesse, d'élégance, de beauté allié à un sens du drame (quelle violence au IV !) et du théâtre simplement saisissants.

Du côté des chanteurs, je suis admiratif de la prestation de JF Lapointe en Pelléas, avec cette voix immédiatement séduisante, chaude et ensoleillée. Comment résister ?
Dominique Meyer ce midi sur France Culture parlait de Lapointe comme l'un des meilleurs Pelléas actuels avec Simon Keenlyside et je crois qu'il n'a pas à rougir face au grand baryton britannique dans ce rôle (même si le physique de Keenlyside est sans doute plus avantageux).

Laurent Naouri s'impose comme un grand Golaud, sans doute le meilleur Golaud actuel dans ce qui s'avère être le meilleur rôle de ce chanteur. J'adore cette façon de faire passer la violence de Golaud au second plan pour privilégier sa douleur et sa détresse (bien légitime du cocu), le tout baigné d'une réelle incompréhension. Son Golaud est plus proche de la victime que du bourreau, ce en quoi ses accès de violence ne sont que plus criants de vérité.
Si José Van Dam avait imposé sa marque dans le rôle de Golaud entre 1970 et 2000, gageons que c'est Laurent Naouri qui prendra sa relève. Dommage que Van Dam n'ait pas transmis le flambeau en chantant Arkel avec Laurent Naouri (plutôt que de se fourvoyer dans Traviata) et que Natalie Dessay ne chante pas encore Mélisande aux côtés du Golaud de son mari, un rôle pour lequel elle me semble avoir toutes les qualités requises (plutôt que de se fourvoyer dans Traviata - bis).

En effet, une représentation rien moins qu'éblouïssante ce lundi, magnifiée par un chef de génie (et qui a en cette soirée su élever l'ONF à la hauteur de l'oeuvre) et peut-être plus encore par le Golaud bouleversant de Laurent Naouri.

M-A-G-I-S-T-R-A-L.