Tancredi-Pleyel-3 juin

Nouveau changement de distribution à Pleyel pour Tancredi, dans le rôle de Roggiero, Veronica Cangemi est remplacée par Anna Chierichetti.

Et voilà la distribution complète modifiée. C'est la première fois que j'entendrai cet opéra rarement donné sur scène ou en concert à Paris. `

Orchestre des Champs-Elysées
Rossini / Tancredi / René Jacobs, Bernarda Fink
03/06/2007 17:00
 
Orchestre des Champs-Elysées
The English Voices
René Jacobs : direction
Tim Brown : chef de choeur
Bernarda Fink : mezzo-soprano (Tancredi)
Rosemary Joshua : soprano (Amenaide)
Lawrence Brownlee : ténor (Argirio)
Anna Chierichetti : soprano (Roggiero)
Federico Sacchi : basso (Orbazzano)
Elena Belfiore : contralto (Isaura)
 

j'avais vu Ewa Podles et Nicoleta Ardelean il y a 2 ans à l'opéra de Toulon

inoubliable ...

Je confirme pour la représentation à Toulon : un moment fabuleux ! Et n'oublions pas l'extraordinaire Mario Zeffiri et ses vertigineuses cadences (le duo avec Podles !!!)...

En attendant le compte-rendu : l'interview de rené Jacobs dans libération : http://www.liberation.fr/culture/musique/257861.FR.php

J'étais heureux d'aller entendre cette oeuvre même si ça n'était qu'en version de concert. Je n'ai pas été déçu, même si le niveau n'était pas exceptionnel il était plutôt bon.

René Jacobs, dirige l'opéra comme une oeuvre de filiation classique. C'est bien fait même si parfois c'est un peu lent et que ça peut paraître trop sage.

Bernarda Fink n'a pas une grande voix mais l'interprétation est belle, engagée, musicale. Au 2e acte elle a voulu donner beaucoup de relief à certains passages dramatiques mais la voix ne suivait pas vraiment (sons poussés, pas très beaux).
Rosemary Joshua n'est pas une tragédienne, elle a deux expressions : la joie écervelée et une sorte de chagrin enfantin. Elle présente donc une Amenaïde naïve mais les vocalises sont charmantes (avec force oeillades et tortillements du bassin) et c'est agréable.
Lawrence Brownlee chante bien, il a toutes les notes et le style mais j'ai trouvé la voix un peu petite parfois (même s'il vocalise di forza on n'entend pas tout)
Anna Chierichetti en Roggiero a bien réussi son petit air du 2e acte.
Federico Sacchi, basse sonore, habite bien son rôle de méchant.
Elena Belfiore c'est surtout un physique. Comme contralto j'ai entendu mieux... bon ce n'était pas indigne non plus.

Les choeurs m'ont paru très bons.

Une interprétaion pas vraiment "brillante" mais de qualité.

Gioachino a écrit: elle a deux expressions : la joie écervelée et une sorte de chagrin enfantin.

comme Janice

Pour ma part, j'ai beaucoup apprécié cette représentation étrangement vide, tout le monde ou presque a été replacé au parterre. J'ai trouvé la direction de René Jacobs convaincante, parfois les tempos étaient il est vrai un peu lents mais il rendaient bien justice à cette partition magnifique de Tancredi, trop peu souvent donnée à mon goût à Paris. Un petit bémol, le choix de la version originale avec liesse finale au lieu du final tragique.

Les chanteurs étaient plus qu’honorables même si les dimensions des voix n’étaient pas très conséquentes : Bernarda Fink a campé un beau Tancrède, engagé, musical mais le contralto rossinien demandé ne correspond pas vraiment à son type de voix.

Je n’ai pas beaucoup apprécié Rosemary Joshua dont la mince voix de soprano léger ne correspond pas au soprano à la Colbran que l’on doit attendre dans ce rôle (je sais je fais du Sergio Segalini !) de plus elle minaude et surjoue plus d’une fois et roucoule dans les vocalises !

Une très agréable surprise dans la présence de Lawrence Brownlee dans le rôle d’Argirio qui vient facilement à bout des écueils du rôle qui sollicite autant le registre grave et aigu et qui vocalise lui parfaitement « en forza », un ténor rossinien à surveiller. Les comprimaris ainsi que les chœurs sont très corrects.

Amenaide n'est en rien un soprano Colbran (qui d'ailleurs était davantage un mezzo aigu...) mais un vrai soprano aigu (mais pas suraigu comme Zenobia dans Aureliano). Attention à bien faire la différence...

Ricciarelli en grande forme à Aix dans le rôle d'Aménaïde : j'en pleure encore de bonheur.

moi aussi j'y étais

y'avait des chanteurs à cette époque

muriel a écrit:moi aussi j'y étais

et Sémiramis l'année d'avant...

bon d'accord ça fait un peu diner d'anciens combattants !

vivivi, Marilyn et Montserrat sur la passerelle

et Samuel, y'avait bien Samuel ?

oui y avait Samuel...

(t'as pas les vidéos Mumu ?)

j'ai des DVD pourris de House of opera.
mais alors pourris, on m'avait prévenue pourtant !

LeChevalierDesGrieux a écrit:Amenaide n'est en rien un soprano Colbran (qui d'ailleurs était davantage un mezzo aigu...) mais un vrai soprano aigu (mais pas suraigu comme Zenobia dans Aureliano). Attention à bien faire la différence...

Exact, et l'inadéquation vocale de Joshua à ce rôle n'est pas liée à un problème de tessiture, mais de technique : malgré des moyens certains, elle reste une chanteuse "baroque" au mauvais sens du terme, c'est-à-dire ignorante du legato et allégeant systématiquement les finales. D'où le détimbrage de 3 notes sur 4, l'aigu en arrière et les vocalises "roucoulées" (voire hoquetées), qu'elle assure à force de ténacité (et au prix de moult grimaces et contorsions), mais qui n'ont rien à voir avec la vocalisation rossinienne, à la fois fluide et énergique, exigeant un soutien sans faille dont seul Brownlee nous a donné un exemple hier.

Cela dit, elle est tout à fait délicieuse en scène.

D'accord avec toi sauf que sur scène elle est un peu nunuche quand même.

La critique de Resmusica avec un rappel aux siffleurs de Salomé....

http://www.resmusica.com/aff_articles.php3?num_art=3964

Notons que la bande de « hueurs » présents à Pleyel en début de semaine n’a pas cette fois daigné se déplacer pour du belcanto, car René Jacobs a été ovationné malgré sa contre-performance. A moins qu’elle ne pense que couvrir les chanteurs dans Strauss est rédhibitoire, alors que c’est parfaitement autorisé dans Rossini ?

Elle n'avait qu'à huer Jacobs si elle trouvait que c'était mauvais !

Pour moi, un Tancrède sans Tancrède , c'est un peu embêtant, quand même... Bernarda Fink est une excellente chanteuse de lieder et d'oratorios, elle est musicienne et fine, mais Tancrède demande un abattage et une technique (Segalini dirait "una vocalità di agilità e di forza") qu'elle ne possède pas... Si Jacobs, dont la direction était plutôt intéressante, ralentissait les tempi parfois, c'était surtout pour permettre à cette pauvre Fink d'arriver au bout de ses airs que, de manière évidente, elle n'aurait pu assurer dans un tempo plus rapide...De plus, la voix manque cruellement ce corps et de couleurs...

Quand je pense qu'en 90, dans Opéra International, Segalini avait descendu von Otter qui chantait le rôle à Genève ! (avec Ricciarelli en Aménaïde). Quand on réentend la bande radio, on a l'impression que la mezzo suédoise qui, à cette époque, avait un timbre nettement plus sombre qu'à présent, possède une voix trois fois plus puissante que Fink...! Quant à la vocalisation, et au style, y'a pas photo non plus...

Mais c'est vrai qu'à l'époque, on avait Horne dans la tête (on l'a toujours d'ailleurs) et que désormais, les temps ont bien changé...Mais quand même, à côté de Fink, Podles, c'est Birgit Nilsson....

Comme le Tancrède de Pleyel sera diffusé à la radio, on pourra juger, certes, mais avec les micros, on n'entendra pas que, par moments, Fink était inaudible....à tel point que cela en devenait frustrant et pénible... et ce, malgré les efforts - louables - de Jacobs, pourtant très attentif...

Mais pourquoi diable a-t-il choisi cette chanteuse ?


Juditha

Harmonia Mundi va mettre en boîte ce Tancredi très prochainement ....

http://www.altamusica.com/concerts/document.php?action=MoreDocument&DocRef=3446&DossierRef=3079

LeChevalierDesGrieux a écrit:http://www.altamusica.com/concerts/document.php?action=MoreDocument&DocRef=3446&DossierRef=3079

Echo que je partage quasi unanimement dans la suite de la prestation à Bruxelles dans le très beau cadre de la grande salle Horta du Palais des Beaux Arts.

Le public massivement présent a acceuilli avec chaleur Jacobs et sa vision, tout en étant pas bouleversé par les prestations solistes. Seul Lawrence Brownlee signe une histoire d'amour avec le public bruxellois.
Parcours artistique à suivre assurément...