Récital R. Alagna - TCE - 18.05.2007

Avant que je ne reparte en vacances (je suis spécialement revenu à Paris pour son récital), voici le programme du récital donné par Roberto Alagna :

1ère partie du récital, accompagné au piano (grand ouvert) par l'excellentissime Jeff Cohen. (Roberto en habit des grands soirs)

Gluck, Iphigénie en Tauride: “Quel langage accablant... Unis dès la plus tendre...“
Méhul, Joseph: “Vainement Pharaon dans sa reconnaissance... Champs Paternels”
Massenet, Hérodiade: “Ne pouvant réprimer”
Thomas, Mignon: “Elle ne croyait pas, dans sa candeur naïve”
Cherubini, Les Abencerages: “Suspendez à ces murs... J'ai vu disparaître l'espoir”
Gretry, L’Amant jaloux: Sérénade
Halévy, La Juive: “Rachel, quand du Seigneur”

en bis de la première partie :
l'air d'Alfredo "Del miei bollenti spiriti"
Roberto Alagna nous a rappelé que le 18 mai 1987, il auditionnait avec cet air pour être engager dans le Glyndebourne Touring Opera.

La 2ème partie, si j'en crois le programme comportait 11 mélodies et tarentelles siciliennes. Accompagnement assuré par un ensemble instrumental avec guitares, violon (parfois), mandoline, contrebasse, percussions, accordéon ou bandoléon (tous excellents), tout ce petit monde dirigé du piano par Yvan Cassar.
Cette 2ème partie était légèrement sonorisée (autrement, je ne vois pas comment on aurait entendu les guitares et la mandoline !!)
Roberto a abandonné son frac pour une tenue plus décontractée.
Pour la 2ème partie, il y a du avoir 2 bis je crois, mais je n'en suis pas sure !!

Le récital débuté à 20 h s'est terminé à presque 23 heures, ce qui nous a fait près de 2 heures et demi de chant, enchainé avec une séance de signature !!

A noter que R. Alagna a enregistré ces jours-ci ces mélodies siciliennes avec Yvan Cassar. On en a eu la primeur ce soir (Roberto fait la promo à l'envers !!). Le disque sortira chez DG.

Pour ceux qui se poseraient la question, il n'y avait pas de micros d'enregistrement.

Soirée pathétique : une voix exceptionnelle en désherence.

Une première partie d'airs d'opéra beuglés à la chaîne, sans nuance, et avec quelques difficultés en ce qui concerne la Juive et Traviata où l'on frôle l'acident dans l'aigu.

Une seconde partiei interminable, sonorisée (et mal !) où Roberto enfile les rangaines siciliennes les plus niaises (mais en les chantant avec les nuances qu'il a refusé aux airs d'opéra, en revanche).

Point commun des deux parties : pas un seul moment de vraie émotion. Roberto est visiblement heureux de chanter, il n'est pas là pour faire passer un frisson.
Exemple typique : une mélodie concerne un sicilien qui rencontre la mort sous la forme d'un crane ; la musique est triste, oeuf corse ; une fois celle-ci finie, l'orchestre la reprend sur un tempo joyeux pendant que Roberto fait le guignol sous les applaudissements !

Le public est fou de joie et tape dans les mains avec la musique. Il applaudit même quand Roberto résume la mélodie sicilienne qu'il va chanter ! Ou quand il se trompe d'air (2 fois) ! Quand il s'étrangle avec un verre d'eau : c'est l'extase !

Pourtant, malgré les tensions dans l'aigu, le matériau vocal de Roberto reste remarquable : quel gâchis !

Placido Carrerotti a écrit:
Pourtant, malgré les tensions dans l'aigu, le matériau vocal de Roberto reste remarquable !

je ne vois pas où est le pathétique ... dans le choix du répertoire ?

muriel a écrit:

Placido Carrerotti a écrit:
Pourtant, malgré les tensions dans l'aigu, le matériau vocal de Roberto reste remarquable !

je ne vois pas où est le pathétique ... dans le choix du répertoire ?

Roberto était mal à l'aise dans la première partie lyrique et libéré lors de la seconde.
Je trouve pathétique cette recherche de la popularité par le biais de mélodies faciles. Roberto est visiblement heureux quand les papys et les mamies tapent dans les mains pour rythmer ses rangaines. On aurait dit une animation "troisième age".

Placido Carrerotti a écrit: On aurait dit une animation "troisième age".

et encore Placido, tu n'as jamais vu Cora Vaucaire chantant devant 12 cars de retraités à la Maison pour tous de Baugé-sur-Sarthe...

Venez à Cherbourg, lors des productions de l'ACDAL, vous allez vous plaire ! Les maisons de retraite affrètent des bus pour amener les papies et les mamies au théâtre ...

euh, Abi, c'est quoi l'ACDAL ?
je connais l'Arop, la SNCF, l'arnica...

C'était pareil quand je vivais à reims, des cars de vieux attendaient leurs petits à la fin des ballets et/ou opéras, le dimanche après-midi de préférence.

ACDAL = Association cherbourgeoise de l'Art Lyrique , quelqye chose comme ça .

C'est tout de même bien sévère... Certes il était un peu stressé dans la première partie car je pense que tout le monde l'attendait au tournant et je crois aussi que beaucoup étaient venus le voir pour cette première partie de récital...
J'ai tout de même apprécié des airs (plus faciles ?) comme les extraits de Mignon ou Joseph où la manière et la vois sont indéniablement là.
Franchement, quel beau matériau vocal il a toujours ! Et malgré ce stress, vous fermez les yeux et vous entendez une solidité que vous ne retrouverez pas beaucoup ailleurs, Messieurs Dames...
Pour la deuxième partie, passé les deux premiers morceaux pour absorber le choc de la sonorisation, on se prend à trouver que la voix est finalement bien adaptée à ce répertoire et que les morceaux sont certes faciles, mais... pas tant que ça !! Et puis s'il arrive à donner un peu de joie de vivre avec une si belle voix, franchement il aurait tort de s'en priver...

Je reviens sur les propos de certains qui ,visiblement,n'ont pas apprécié ce concert . Etant présente à cette soirée , je n' ai vu et entendu autour de moi que des gens heureux qui manifestaient par des applaudissements mérités leurs remerciements à R.Alagna qui leur avait permis de passer une formidable soirée .
Messieurs les censeurs ( personne qui s'érige en juge intransigeant d'autrui ) un peu de modération dans le jugement que vous portez sur le talent immense de notre ténor national et un peu de respect pour les spectateurs présents ce soir là !
Combien jouissive doit être la recherche de termes blessants à l'égard de Roberto ( et de son public ) attendu qu'il ne peut se produire sans déclencher aussitôt des flopées de réactions négatives de la part de personnes talentueuses à manipuler cette arme là .
Des soirées comme celle du 18 Mai nous en redemandons encore ! Le vaste public de Roberto ( ses admirateurs dont l' âge va de 15 à 70 ans et plus....) souhaiterait qu'il lui procure plus souvent encore l' émotion et le plaisir qu'il éprouve à l' écouter .

http://operachroniques.over-blog.com/article-10486849.html

Extrait du blog de Friedmund:

Lors du dernier bis d’Alagna, une scène inattendue est apparue dans la salle du TCE. Un admirateur d’Alagna qui se tenait devant la scène à applaudir le ténor a été littéralement traîné en dehors de la salle par deux hommes dans l’indifférence générale d’un public tapant dans ses mains et tout à sa joie.

Oui, ça m'a supris(e ?) aussi !

Poupou a écrit:Extrait du blog de Friedmund:

Lors du dernier bis d’Alagna, une scène inattendue est apparue dans la salle du TCE. Un admirateur d’Alagna qui se tenait devant la scène à applaudir le ténor a été littéralement traîné en dehors de la salle par deux hommes dans l’indifférence générale d’un public tapant dans ses mains et tout à sa joie.

C'est parce qu'il avait l'air vraiment bizarre ce fan et qu'il commençait à chanter tout fort lui aussi, et un peu n'importe quoi...

wykx a écrit:
C'est parce qu'il avait l'air vraiment bizarre ce fan et qu'il commençait à chanter tout fort lui aussi, et un peu n'importe quoi...

"Avoir l'air bizarre" c'est quand même un peu léger pour expulser quelqu'un... surtout aussi virilement. Ca commence où le bizarre? En plus on peut quand même pas dire qu'à ce moment là le public était dans le recueillement. Entre ceux qui hurlaient, ceux qui tapaient dans leurs mains aussi bruyamment que peu en rythme, et ceux qui partaient "manger pas trop tard"...

Sinon, Alagna a chanté n'importe quoi tout fort (surtout n'importe quoi d'ailleurs) toute la seconde partie... on ne l'a pas mis dehors pour autant!

F. pas encore remis des "mélodies siciliennes"..

et voilà ! on me dit toujours que je fais la fine bouche quand je dis que je n'aime PAS les chansons napolitaines !
Kat.

A côté des mélodies siciliennes entendues vendredi soir, la plupart des chansons napolitaines touchent au Saint Graal artistique...

Janyviève a écrit:Je reviens sur les propos de certains qui ,visiblement,n'ont pas apprécié ce concert . Etant présente à cette soirée , je n' ai vu et entendu autour de moi que des gens heureux qui manifestaient par des applaudissements mérités leurs remerciements à R.Alagna qui leur avait permis de passer une formidable soirée .

Alagna n'a jamais laissé personne indifférent : soit on adore, soit on déteste.
Les propos tenus à son endroit sont toujours excessifs et provocateurs , ici ou ailleurs , il faut faire avec !

Janyviève a écrit:
Messieurs les censeurs ( personne qui s'érige en juge intransigeant d'autrui ) un peu de modération dans le jugement que vous portez sur le talent immense de notre ténor national

Amusant! On traite les autres de censeurs et on leur demande de se taire ...

Janyviève a écrit:
un peu de respect pour les spectateurs présents ce soir là !.

Encore plus drôle : bientôt on ne pourra plus faire de réserves sur un spectacle s'il a plu à une partie de la salle. Ca va sacrément limiter les sujets de conversation

Janyviève a écrit:
Combien jouissive doit être la recherche de termes blessants à l'égard de Roberto ( et de son public )

Ah moi, je suis pas ce genre là. P'tête que tu parles de ton expérience personnelle ? C'est très classique de projeter ses vices sur autrui.

Stupidités mises à part, tous ceux qui ont des oreilles ont pu constater que Roberto vit une passe difficile.

Comme beaucoup sur ce forum, je suis la carrière d’Alagna depuis de longues années (pour être précis, je l’ai entendu une trentaine de fois depuis une première « Traviata » en juin 90 à la Scala) : j’ai vu l’épanouissement progressif de sa voix jusqu’aux glorieux Roméo ou Don Carlos des années 94, 96 et par là.
J’ai vu avec inquiétude l’évolution de son répertoire lyrique et je constate sans surprise ses problèmes vocaux : quand on grossit artificiellement la voix, on perd dans l'aigu.
J'ajoute qu'il joue dorénavant comme un pied alors qu'il était auparavant très crédible : la main sur le coeur devant le trou du souffleur, pas un regard vers sa/son partenaire (Manon à Paris, Werther à Turin, Aida à Orange sont des exemples très caractéristiques de ce désintérêt pour le théâtre) . Toujours une oeillade assassine pour la crémière du premier rang comme Maurice Chevalier à la belle époque : on se croirait à l'Alcazar de Rodez

Parallèlement, je suis atterré de son investissement dans le « cross over » qui l’intéresse désormais davantage que l’opéra.
Je suis également déçu de son manque de professionnalisme (programmes connus le jour du concert, erreurs dans l’enchaînement des morceaux, dans les textes …) et enfin consterné de ses interventions médiatiques (de la Méthode Cauet, où l'animateur lui a quand même demandé si "ça allait bien côté chevilles ?" aux justifications à géométrie variable suite au scandale de la Scala).

Je suis donc loin d'etre un anti Alagna primaire, juste quelqu'un de déçu par le gachis d'une voix idéale pour l'opéra français et le premier romantisme, et qui s'est égarée dans d'autres répertoires. Je ne peux que lui souhaiter un prompt rétablissement mais cela exigerait de sa part une telle humilité que j'en doute.

Que l'exposé de ces évidences attristent les "fidèles", c'est dommage pour eux mais ça ne change rien à l'objectivité des faits : Alagna a aujourd'hui du mal à chanter du lyrique et se rassure en cherchant le succès facile dans la chansonnette.

Placido Carrerotti a écrit:
Comme beaucoup sur ce forum, je suis la carrière d’Alagna depuis de longues années (pour être précis, je l’ai entendu une trentaine de fois depuis une première « Traviata » en juin 90 à la Scala) : j’ai vu l’épanouissement progressif de sa voix jusqu’aux glorieux Roméo ou Don Carlos des années 94, 96 et par là.
J’ai vu avec inquiétude l’évolution de son répertoire lyrique et je constate sans surprise ses problèmes vocaux : quand on grossit artificiellement la voix, on perd dans l'aigu.
J'ajoute qu'il joue dorénavant comme un pied alors qu'il était auparavant très crédible : la main sur le coeur devant le trou du souffleur, pas un regard vers sa/son partenaire (Manon à Paris, Werther à Turin, Aida à Orange sont des exemples très caractéristiques de ce désintérêt pour le théâtre) . Toujours une oeillade assassine pour la crémière du premier rang comme Maurice Chevalier à la belle époque : on se croirait à l'Alcazar de Rodez

Parallèlement, je suis atterré de son investissement dans le « cross over » qui l’intéresse désormais davantage que l’opéra.
Je suis également déçu de son manque de professionnalisme (programmes connus le jour du concert, erreurs dans l’enchaînement des morceaux, dans les textes …) et enfin consterné de ses interventions médiatiques (de la Méthode Cauet, où l'animateur lui a quand même demandé si "ça allait bien côté chevilles ?" aux justifications à géométrie variable suite au scandale de la Scala).

Je suis donc loin d'etre un anti Alagna primaire, juste quelqu'un de déçu par le gachis d'une voix idéale pour l'opéra français et le premier romantisme, et qui s'est égarée dans d'autres répertoires. Je ne peux que lui souhaiter un prompt rétablissement mais cela exigerait de sa part une telle humilité que j'en doute.

Que l'exposé de ces évidences attristent les "fidèles", c'est dommage pour eux mais ça ne change rien à l'objectivité des faits : Alagna a aujourd'hui du mal à chanter du lyrique et se rassure en cherchant le succès facile dans la chansonnette.

On ne saurait vraiment mieux dire ! Merci pour cette excellente synthèse

Placido Carrerotti a écrit:
Je suis donc loin d'etre un anti Alagna primaire, juste quelqu'un de déçu par le gachis d'une voix idéale pour l'opéra français et le premier romantisme, et qui s'est égarée dans d'autres répertoires. Je ne peux que lui souhaiter un prompt rétablissement mais cela exigerait de sa part une telle humilité que j'en doute.

Que l'exposé de ces évidences attristent les "fidèles", c'est dommage pour eux mais ça ne change rien à l'objectivité des faits : Alagna a aujourd'hui du mal à chanter du lyrique et se rassure en cherchant le succès facile dans la chansonnette.

Mais reconnaissez quand même, que, certes vu d'où il vient, il y a une petite perte dans le lyrique mais tout de même, il reste encore bien supérieur à tout ce qui se fait aujourd'hui dans le même répertoire...

wykx a écrit:
Mais reconnaissez quand même, que, certes vu d'où il vient, il y a une petite perte dans le lyrique mais tout de même, il reste encore bien supérieur à tout ce qui se fait aujourd'hui dans le même répertoire...

Alagna n'est certes pas le premier à venir "de là d'où il vient". Mais comme depuis plus de vingt ans on nous serine que "tout est art, tout est culture et tout se vaut", que les graffitis sont à mettre sur le même plan artistique que les Demoiselles d'Avignon, il a fini par y croire. Il est en revanche plus rare qu'un chanteur retourne "là d'où il vient", sauf si, comme certains, ils ont toujours fait les deux. D'autres ont vu les portes du Metropolitan se refermer à trop vouloir retourner au cabaret...

PS : un jour peut-être quelqu'un dira-t-il la responsabilité d'un Levon Sayan dans les choix de carrière récents d'Alagna

http://www.altamusica.com/concerts/document.php?action=MoreDocument&DocRef=3413&DossierRef=3050

jeanch a écrit:http://www.altamusica.com/concerts/document.php?action=MoreDocument&DocRef=3413&DossierRef=3050

"vaillance des aigus" ! Faut le piquer pépère