Scandales

Voilà : je suis tombé sur une critique sur FO qui évoquait les grands "plantages" de l'histoire de l'opéra au XXème. Comme on le sait ça donne assez souvent lieu à d'énormes scandales surtout quand il y a annulation.
Finalement je me dis qu'Alagna est réellement une Diva puisqu'il a fait revivre quelque chose de cet ordre là avec son Radamès !
Quelques soirées sont restées mythiques :
Les Norma romaines puis parisiennes de Callas
L'Anna Bolena de Caballé à Milan (et son Barbier à Nice)
La Norma lyonnaise de Rosalind Plowright
Le Trouvère viennois dont on parlait l'autre jour (avec Studer et Kalt)
Le Don Carlos de Pavarotti à la Scala
Quelqu'un connait des témoignages ?
Ou bien aurait d'autres exemples ?

Francesco, people ce soir !

ben le Don Carlo de Pavarotti avait vraiment déchaîné le poulailler : ça hurlait, mais ça hurlait ! et Muti qui revient après l'entracte, alors que quelqu'un se met à hurler "stoooooooolto !".
Kat.

Heu... pourquoi fut-ce un scandale?

Pavarotti savait à peine son rôle, il paraît que sur scène il en était à chanter en battant la mesure, les aigus partaient n'importe comment... Bon, le résultat dans sa globalité n'était pas indigne, loin de là, mais pour l'ouverture de la saison de la Scala... et le grand retour de Pavarotti sur cette scène, dans une prise de rôle... ça a fait beaucoup.
En plus la mise en scène de Zefirelli accumulait les maladresses.
Du coup, les gens du poulailler étaient fous de rage, trouvant que c'était désinvolte, du foutage de gueule. Et tout le monde a trinqué, y compris Ramey (pourtant excellent) et Muti.
Kat.

Ah, d'accord. Merci.

Et Bolena de Caballé, que s'est il passé exactement ? et Plowright à Myon ? ce n'était tout de même pas un plantage de la même ampleur j'imagine.

je crois que pour Bolena Caballé en a un peu fait à sa tête (sons filé tenus à l'infini, etc). En fait, la véritable raison est qu'elle chantait dans la mise en scène de Visconti, conçue pour Callas. évidemment, elle avait un comité d'accueil, la pauvre.
Si je me souviens bien, elle a été remplacée par Gasdia qui a chanté en plus dans les costumes de Callas. ça a lancé sa carrière.
Kat.

et le "ton mi (ou autre) tu le pointe ou tu le tire??" c'etait où??? a marseille et avec crespin ????

bon c'est pas un scandale

Et le tien ? Tu en fais quoi ?

Brünnhilde a écrit:Et le tien ? Tu en fais quoi ?

quel sacandale????

Sacandale ??? C'est du catalan ?

Brünnhilde a écrit:Sacandale ??? C'est du catalan ?

tu pinaille brunehilde! qu'estc e que j'ai fait moi????

J'ai assisté en 1976 au Ring du centenaire.Ce fut alors un scandale mémorable.Peut-on imaginer aujourd'hui une représentation lyrique ponctuée,comme ce fut le cas dans le troisième acte du Götterdämmerung,par des sarcasmes et des huées tout le long de la représentation?Après les derniers accords,ce fut des hurlements à mort contre Chéreau ,mais aussi une bataille inouïe avec les défenseurs,dont je faisais partie,qui criaient,vive Chéreau!Je me souviens que Boulez nous avait fait un geste de reconnaissance du bras,tellement on vociférait avec des amis pour défendre cette production!
Deux ans plus tard,j'y revenais,ce fut 45 minutes de rappels,peut-être même plus,et en 1980,85 minutes...

Kat a écrit:je crois que pour Bolena Caballé en a un peu fait à sa tête (sons filé tenus à l'infini, etc). En fait, la véritable raison est qu'elle chantait dans la mise en scène de Visconti, conçue pour Callas. évidemment, elle avait un comité d'accueil, la pauvre.
Si je me souviens bien, elle a été remplacée par Gasdia qui a chanté en plus dans les costumes de Callas. ça a lancé sa carrière.
Kat.

Non ce n'est pas tout à fait ça! Caballé était malade et a annulé la première et c'est Ruth Falcon qui devait la remplacer. Cette annulation a déchainé le public qui a empêché la représentation et l'intervention de Giulietta Simionato, elle-même spectatrice, devant le rideau n'a pas réussi à calmer une salle en fureur. Du coup la première n'a pas eu lieu. La presse s'est évidemment déchainée le lendemain et Caballé qui était alitée à son hôtel a dû donner en urgence une interview en assurant qu'elle allait monter sur scène et donner au public milanais son interprétation d'Anna Bolena. Autant vous dire qu'elle était attendue de pied ferme par un poulailler vivement décidé à ne rien lui passer. On imagine bien évidemment l'état de stress intense qui submergeait Montsi et ce qui devait arriver arriva: des approximations vocales et quelques graillons sur des aigus ont déchainé des huées immédiates. Caballé s'est alors souvenue que Callas lors de cette Anna Bolena de Visconti avait eu également contre elle de méchants détracteurs et qu'elle avait réussi à les mettre dans sa poche lors du fameux final de l'acte I quand Anna invective Henry VIII avec "Giudici ad Anna!!!" et Callas s'était avancée sur le devant de la scène le poing presque levé face au public comme si elle lui disait "vous pouvez me juger" ce qui avait fortement impressionné toute la salle.
Du coup Caballé a voulu faire la même chose, et rassemblant toute son énergie, elle a littéralement invectivé la salle dans un "Giudici ad Anna" d'une rare pugnacité et surtout, surmonté d'un contre-ré percutant et tenu et complètement hallucinant (quand on sait que c'est une note qu'elle n'avait jamais donnée en scène!) et là c'est un triomphe extraordinaire! Malheureusement, la scène de folie finale sera à nouveau entachée par de sales notes immédiatement conspuées.
A la décharge de Caballé, il faut préciser que l'entourage n'était pas à la hauteur: Obratzova qui a chanté Seymour comme si c'était Santuzza et surtout Plishka qui a voulu donner une vérité historique dans son interprétation de Henry VIII en le rendant vulgaire à travers un chant vulgaire et vériste (et lui aussi a été copieusement hué!)
Que les fantômes de Callas et de Visconti aient perturbé Caballé, c'est probable! Que Caballé ait été malade, c'est avéré (cette femme a toujours eu de lourds problèmes de santé)! Que Caballé se soit inégalement préparée à ce rôle, c'est presque certain également! Dans de telles conditions, le scandale milanais était inévitable! Il a effectivement lancé la carrière de Gasdia qui a repris le rôle à la 2ème représentation effective!

vu hier à la télé: Montserrat Caballé arrachant de rage la partition du chef et la déchirant au cours d'un récital

En 1980, pour un Don Carlo munichois, le rôle d'Elizabeth de Valois qui était très souvent dévolue à Mme Price, a été donné à une certaine chanteuse bulgare. Le public, mécontent que sa chanteuse fétiche ne chante point, conspua la dame qui, selon les rumeurs, s'était fort bien acquittée de sa tâche.

Parfois, ce n'est pas le chanteur la "Diva", mais plutôt le public...

Abigaille a écrit:En 1980, pour un Don Carlo munichois, le rôle d'Elizabeth de Valois qui était très souvent dévolue à Mme Price, a été donné à une certaine chanteuse bulgare. Le public, mécontent que sa chanteuse fétiche ne chante point, conspua la dame qui, selon les rumeurs, s'était fort bien acquittée de sa tâche.

Parfois, ce n'est pas le chanteur la "Diva", mais plutôt le public...

Lors de la première de Don Carlo en 70 à Vienne (Corelli/Janowitz/Ghiaurov/Verett/Talvela), une partie public a déclenché à la fin une bronca du tonnerre contre le chef Horst Stein, qui prenait en fait la succession dans la fosse de Karajan et cela n'était pas du tout au goût de la salle. Il s'agissait surtout de "pro-karajan" entendant ainsi protester contre son éviction peu de temps avant.

Il paraît que la direction a menacé d'en appeler à la police pour enquêter sur les troubles-fêtes (action qui ne s'est bien entendu jamais concrétisée). Toujours est-il que les chanteurs ont signé une lettre dans laquelle il se solidarisaient avec le chef. La situation est ensuite rentrée dans l'ordre.

Il y a eu aussi Flemig qui s'est fait traitée de tous les noms lors d'un Pirate à la Scala il me semble mais qui a finit de chanter le rôle coute que coute!

Polyeucte a écrit:Il y a eu aussi Flemig qui s'est fait traitée de tous les noms lors d'un Pirate à la Scala il me semble mais qui a finit de chanter le rôle coute que coute!

ouh la oui ! J'avais entendu ça à la radio. ça hurlait.
En plus, lors du prologue le chef était tombé dans les pommes (on a dit à l'époque qu'il avait fait semblant pour enquiquiner tout le monde).
Kat.

Et c'était si mal que ça ce que faisait Fleming ou c'était juste une cabale?

Polyeucte a écrit:Et c'était si mal que ça ce que faisait Fleming ou c'était juste une cabale?

c'était une cabale, mais franchement ce n'était vraiment pas terrible. En même, temps j'ai admiré qu'elle aille jusqu'au bout parce qu'elle s'en est pris plein la figure pendant toute la représentation. L'air final a été terrible.
c'était dans Lucrèce Borgia.
Kat.

Kat a écrit:

Polyeucte a écrit:Et c'était si mal que ça ce que faisait Fleming ou c'était juste une cabale?

c'était une cabale, mais franchement ce n'était vraiment pas terrible. En même, temps j'ai admiré qu'elle aille jusqu'au bout parce qu'elle s'en est pris plein la figure pendant toute la représentation. L'air final a été terrible.
c'était dans Lucrèce Borgia.

moi j'avais trouvé sa Lucrezia Borgia magnifique sur tous les plans (elle a affronté crânement une tessiture difficile osant des variations et des suraigus audacieux mais tout à fait justes notamment dans l'air final, et dispensant un phrasé qui n'était pas sans rappeler celui de la Caballé des grands jours!) et à mon sens, la réaction du public (ou plutôt de quelques abrutis du poulailler) a été inadmissible.